ESPRIT PSY

Les souvenirs douloureux qui ressurgissent d’un coup… Tourner la page?!

Beaucoup de personnes en témoignent, il peut arriver parfois qu’un souvenir refasse d’un coup surface chargé d’une émotion brute, presque comme s’il venait de se produire. Une sorte de retour violent du passé.
Je rappelle ici que la mémoire n’est pas un simple catalogue figé de nos expériences et dont le classement se fait de manière standardisée pour tous les évènements. Un souvenir douloureux peut rester hors du champ de la conscience sans jamais disparaitre vraiment, il peut être enfoui, mis en veille, mais il ne cesse pas d’exister pour autant. Freud parlait du retour du refoulé, cette idée que ce qui a été trop difficile à affronter au moment où cela s’est produit peut être mis de côté par le psychisme, non pas effacé, mais relégué dans l’ombre, en attente d’un moment où il pourra émerger.
Les neurosciences confirment aujourd’hui ce que la psychanalyse avait ainsi déjà entrevu: les souvenirs liés à des expériences traumatiques ne sont pas stockés dans le cerveau de la même manière que les souvenirs neutres ou heureux. Dans un contexte de stress intense, l’amygdale, structure cérébrale impliquée dans la gestion des émotions, s’active fortement, tandis que l’hippocampe, qui est responsable de l’intégration cohérente des souvenirs, peut voir son fonctionnement altéré (parfois très fortement). Résultat: l’événement est fragmenté, dissocié et parfois même inaccessible à la conscience jusqu’au jour où un élément (ça peut être une odeur, un son, un lieu, une sensation, etc.) vient raviver ce qu’on pourrait appeler la  »trace latente » du souvenir. Et cela peut être très perturbant pour la

La perversion devient-elle la règle? Le mensonge un détail?

La liberté d’expression est sans doute l’une des valeurs les plus fondamentales d’une société démocratique mais il me semble qu’un glissement dangereux s’opère lorsqu’elle est invoquée non plus comme un droit au débat, à l’échange d’idées ou à la critique constructive, mais comme un bouclier servant à protéger le mensonge, la manipulation et la diffamation.

Car dire n’est pas mentir, s’exprimer n’est pas calomnier et pourtant, nous assistons à une étrange mutation du discours où certains revendiquent leur « liberté » non pas pour enrichir le débat, mais pour imposer des contre-vérités, sans contradiction possible.
Et lorsqu’une limite leur est opposée pour rappeler qu’une parole a des conséquences, qu’un mensonge délibéré nuit à autrui ou qu’une diffamation détruit des vies, ces mêmes individus se replient sur une posture victimaire. Ils deviennent « persécutés par le système », « réduits au silence par la censure », « interdits de dire ce que les autres ne veulent pas entendre ».
Il ne faut pas hésiter à dénoncer cette mécanique perverse qui repose sur le processus d’inversion victimaire.

Poser des limites: on n’y est pas préparé en fait !

Il me semble que beaucoup de personnes ont du mal à dire non, à affirmer leurs besoins, ou à se protéger des intrusions des autres et ce bien au-delà des cas où l’enfance a été marquée par des abus caractérisés. Autrement dit il ne s’agit donc pas uniquement d’une conséquence d’un traumatisme évident ou d’une éducation toxique, mais plutôt d’un phénomène psycho-social qui s’ancre souvent dans certains premiers apprentissages sociaux et familiaux où les individualités n’ont pas été pleinement reconnue, où les dynamiques familiales apprennent me semble-t-il à faire passer les besoins des autres avant les siens.
Prenons l’exemple des « gentils enfants » qui ont appris à ne pas déranger. Quand on creuse un peu derrière les « je n’arrive pas à dire non, je culpabilise toujours » qu’on entend chez des personnes, il m’apparaît souvent qu’elles ont grandi dans des familles où dire non était perçu comme une opposition, une insoumission, voire un rejet de l’autre. Très jeunes, elles ont compris que leur rôle était de ne pas faire de vagues, d’être des enfants agréables, conciliants, accommodants. Pour être aimé, il fallait se conformer, éviter de froisser, faire plaisir.

L’hypersensibilité est une caractéristique, pas une personnalité!

L’hypersensibilité est un sujet qui peut pousser à faire des amalgames. Le premier serait de faire de la caractéristique d’hypersensibilité une carte de visite, une donnée qui réduirait l’individu à une caractéristique unique.
Ce serait à mon sens très réducteur, générateur de confusion.
En préalable, concernant les ressentis en lien avec l’hypersensibilité, comme pour toute autre caractéristique, il y aura sans doute de multiples témoignages possibles et gardons à l’esprit que les facteurs de vie ne peuvent pas être calqués d’une personne à l’autre. Ainsi l’hypersensibilité d’une personne ne sera pas l’hypersensibilité d’une autre personne, ce qui rend d’ailleurs le concept si propice aux discours affirmatifs de tout un chacun.
Pour avoir pris le temps de lire de nombreux témoignages depuis plusieurs années, il me semble que certaines personnes, sur les forums regroupant des personnes dites hypersensibles, oublient bien souvent que l’hypersensibilité:
– est définie comme une caractéristique,
– ne définit donc nullement une personnalité ni une orientation des ressentis émotionnels
– n’est pas une pathologie et n’est pas la cause de pathologies annexes.
Si l’on perd de vue cela, on pourra projeter/superposer sur une hypersensibilité beaucoup de choses.
Or lorsqu’on considère le parcours de vie exprimé par certaines personnes, elles semblent en difficulté pour différencier la caractéristique d’hypersensibilité, d’une part, et de l’autre l’ensemble des autres paramètres qui influencent leur vécu émotionnel et sensoriel.
Je le redis, ces paramètres n’empêchent nullement la caractéristique d’hypersensibilité d’être présente et de s’exprimer comme amplificateur si cette dimension est effective chez un individu (j’en profite pour rappeler que l’hypersensibilité n’est d’ailleurs pas forcément d’avoir toutes les dimensions à  »taux maximum »…)
Pour ne citer que quelques-uns des paramètres, indépendants les uns des autres, ou pour certains cumulés entre eux, qui peuvent exacerber depuis l’enfance l’hypervigilance, l’acuité sensorielle, l’hyper-empathie, les émotions submergeantes, les émotions amplifiées dans les deux sens, le sentiment global de fragilité émotionnelle, le vécu d’une charge mentale extrême et chronique, la méfiance, le sentiment de vide, le sentiment de solitude, le ressenti d’abandon, etc, nous pouvons mentionner :

Quand l’enfant devient le parent de son parent…

Avertissement : abus émotionnel du parent – inceste moral

Quand l’enfant devient le parent de ses propres parents… C’est un abus!

Il m’apparaît que l’un des schémas relationnels les plus invisibles mais pourtant dévastateurs est celui où un enfant devient, bien avant l’âge adulte, le parent de son propre parent.

C’est beaucoup plus courant qu’on ne le croit.
Et les enfants victimes de ça pensent être dans l’amour alors qu’elles baignent dans une relation toxique ou le parent est un abuseur caractérisé.

C’est l’une des composantes du climat incestuel et dont la conséquence est l’inceste moral.

La parentification de l’enfant est une inversion des rôles qui se fait souvent
en douceur, presque  »naturellement », sous l’effet d’un contexte familial dysfonctionnel où l’enfant n’a pas le choix : il doit endosser une charge affective qui n’est pas la sienne.

Et je le redis, je me suis aperçu au fil des consultations, que ce phénomène touche bien plus de personnes qu’on ne le pense.
Ce sont par exemple ces enfants qui, très tôt, ont dû consoler un parent en souffrance, s’effacer pour ne pas créer de vagues, jouer le rôle du confident, de l’apaisant, parfois même du protecteur.

L’emprise affective parentale, cet  »amour » qui enferme l’enfant-adulte

Un départ à notre pensée: l’amour parental est censé être un socle, une base sécurisante qui permet à l’enfant de grandir, de s’épanouir, puis de s’émanciper en tant qu’adulte. Ok. Mais il arrive, et bien plus souvent qu’on ne le croit, que cet amour, au lieu de soutenir, enferme. Et pas qu’un peu… Car un parent peut parfois (sans même en avoir conscience) maintenir un lien de dépendance affective avec son enfant, ce qui l’empêche d’exister pleinement par lui-même au final.
Je me suis aperçu, au fil des consultations, que cette emprise affective peut prendre plusieurs formes. Parfois elle est ouverte et visible à travers des phrases culpabilisantes du style « après tout ce que j’ai fait pour toi… » ou encore « si tu m’aimais vraiment, tu… », etc. Mais bien souvent, l’emprise affective est plus insidieuse, faite de regards lourds de reproches, de soupirs appuyés, d’une détresse affichée dès que l’enfant prend un peu de distance.
Combien de discours autour de Noël ou des vacances ai-je entendu sur ce thème… Combien de ruminaions enclenchées sur les  »devoirs » à accomplir pour ses parents, les appels téléphoniques subis, les messages auxquels on répond sans envie, etc…
Un exemple d’une jeune femme: »à chaque fois que je veux partir en vacances, ma mère me dit qu’elle ne va pas bien ou alors c’est là qu’elle m’annonce
qu’elle a besoin de moi pour l’aider sur un truc pile sur la période concernée! Si je pars je culpabilise et si je reste je suis en colère. »
Ce qui s’exprime ici à mon sens c’est le piège affectif invisible dans lequel elle est prise: un chantage émotionnel non dit mais omniprésent qui lui interdit de vivre pour elle-même…

Peut-on s’autoriser à s’éloigner d’un ou des parents sans être un  »monstre »?

Il m’apparaît que l’une des questions les plus complexes et les plus douloureuses que se posent certains patients est la suivante : « Ai-je le droit de prendre mes distances avec mon parent sans être une mauvaise personne? ».
Cette interrogation est souvent remplie de culpabilité, comme si remettre en question le lien filial était une transgression absolue, un interdit moral…
Et c’est là que les victimes d’abus, qu’elle que soit la nature de l’abus, activent à plein leurs modes défensifs adaptatifs à la toxicité parentale et en arrivent à perdre de vue les dits abus subis. Et pourtant, à l’âge adulte, dans bien des configurations familiales, le lien avec un parent peut être une source de souffrance permanente, un fardeau qui pèse sur l’équilibre psychique bien plus qu’il ne nourrit… Je me suis aperçu au cours des années que ce dilemme est particulièrement fort chez des personnes qui ont grandi sous l’influence d’un parent fusionnel, hyper-exigeant, intrusif ou manipulateur, qui par exemple ont fait de l’amour un échange conditionnel: « Je t’aime si tu fais ce que j’attends de toi. » Dès l’enfance, ces personnes ont intégré que l’amour filial n’était pas un espace de liberté, mais un devoir, une sorte de dette à rembourser. Et en grandissant elles se retrouvent alors prises dans un paradoxe: rester proches du parent signifie subir des dynamiques toxiques mais s’en éloigner signifie porter le poids insoutenable de la culpabilité.

Somatisation: quand l’esprit parle avec des maux que l’esprit ne peut pas dire

Je croise régulièrement des personnes qui traversent des années d’errance médicale sans qu’aucun examen ne puisse expliquer ce qu’elles ressentent: par exemples fatigue persistante, migraines récurrentes, douleurs abdominales inexpliquées, palpitations soudaines, oppressions thoraciques, tensions musculaires diffuses ou encore insomnies chroniques.
D’autres font face à des troubles plus spécifiques comme une chute de cheveux continue (alopécie), des douleurs pelviennes inexpliquées, des cystites à répétition qui ne révèlent aucune cause organique, ou encore pour d’autres des troubles digestifs handicapants malgré des analyses normales.
Ce sont tous des symptômes bien réels, souvent invalidants, qui pourtant échappent à toute explication médicale traditionnelle.
C’est à ce moment-là qu’une autre hypothèse mérite d’être envisagée : celle de la somatisation.
La somatisation ne signifie pas que la douleur est « imaginaire » ou « exagérée ».
Bien au contraire, c’est une véritable manifestation corporelle qui traduit une charge psychique non résolue, une douleur émotionnelle qui s’est enkystée et que le corps exprime à sa manière.
Je me souviens d’une patiente qui pendant des années a souffert de crises de tachycardie violentes. Chaque fois qu’elle participait à certaines discussions son cœur s’emballait à un point tel qu’elle était persuadée d’avoir un problème cardiaque grave. Après des consultations et des examens approfondis, les médecins lui ont assuré que son cœur était en parfaite santé. Mais son corps, lui, réagissait comme s’il était en danger de mort.

Avec le temps tu finiras par oublier ton traumatisme… NON!!!

Le traumatisme s’ancre profondément, comme une sorte de trace brûlante dans l’inconscient et dans le corps et, chose que je trouve immensément cruelle pour la victime, il ne se dilue donc pas dans les jours qui passent.
Pour certaines victimes, quand il ne brûle pas directement, au mieux il couve, il hiberne quelques temps si je puis dire pour souvent d’un coup se réactiver par exemple à travers des sensations, des peurs inexpliquées, des cauchemars ou une hypervigilance permanente (comme si la menace n’avait jamais réellement disparu).
Gardons à l’esprit que ce qui caractérise le traumatisme, ce n’est pas tant le souvenir de l’événement que la façon dont il reste bloqué dans un présent perpétuel, échappant au processus naturel d’intégration (historisation) qui permet habituellement de reléguer les souvenirs difficiles au passé.
J’ai souvent entendu des patients me dire, à peu de choses près : « je sais que c’est fini, que c’est du passé ce qui m’est arrivé, mais une part de moi semble

La puissance des petits gestes

Nous vivons dans un monde où tout va vite.
Suivant les cas, entre les obligations professionnelles, les responsabilités familiales, les contingences multiples et nos propres défis personnels, il est parfois difficile de lever la tête pour vraiment regarder ce qui se passe autour de nous. Nous avons tous des jours où nos forces sont limitées, où même le simple fait d’affronter la journée semble déjà une montagne à gravir.
Alors, comment trouver encore l’énergie d’être là pour les autres?
Gardons peut-être à l’esprit que les gestes qui comptent ne demandent pas toujours une force surhumaine. Souvent il ne s’agit pas de résoudre les problèmes des autres, ni même d’essayer de les comprendre totalement.
Parfois, être là, simplement, est suffisant.