SOMATISATION: Quand le corps parle des maux que l’esprit ne peut pas dire...
Je croise régulièrement des personnes qui traversent des années d’errance médicale sans qu’aucun examen ne puisse expliquer ce qu’elles ressentent: par exemples fatigue persistante, migraines récurrentes, douleurs abdominales inexpliquées, palpitations soudaines, oppressions thoraciques, tensions musculaires diffuses ou encore insomnies chroniques.
D’autres font face à des troubles plus spécifiques comme une chute de cheveux continue (alopécie), des douleurs pelviennes inexpliquées, des cystites à répétition qui ne révèlent aucune cause organique, ou encore pour d’autres des troubles digestifs handicapants malgré des analyses normales.

Ce sont tous des symptômes bien réels, souvent invalidants, qui pourtant échappent à toute explication médicale traditionnelle.
C’est à ce moment-là qu’une autre hypothèse mérite d’être envisagée : celle de la somatisation.
La somatisation ne signifie pas que la douleur est « imaginaire » ou « exagérée ».
Bien au contraire, c’est une véritable manifestation corporelle qui traduit une charge psychique non résolue, une douleur émotionnelle qui s’est enkystée et que le corps exprime à sa manière.
Je me souviens d’une patiente qui pendant des années a souffert de crises de tachycardie violentes. Chaque fois qu’elle participait à certaines discussions son cœur s’emballait à un point tel qu’elle était persuadée d’avoir un problème cardiaque grave. Après des consultations et des examens approfondis, les médecins lui ont assuré que son cœur était en parfaite santé. Mais son corps, lui, réagissait comme s’il était en danger de mort.
En explorant son histoire elle a réalisé que ses crises se déclenchaient toujours lorsqu’elle devait exprimer un désaccord ou poser une limite, chose qui dans son enfance était associée à un danger réel: chaque tentative d’affirmation personnelle face à une figure parentale violente entraînait des conséquences dramatiques.
Son esprit n’avait jamais « réappris » qu’elle pouvait aujourd’hui parler sans risque et son stress automatique se déversait dans tout son corps, affolant par exemple son coeur sous l’effet de l’adrénaline et du cortisol.

Et ce n’était pas un hasard si ces douleurs s’accentuaient lors d’un acte sexuel ou même déjà lorsque la personne commençait à se sentir en confiance dans une nouvelle relation ( l’expérience lui avait appris que le risque d’abus est maximum avec celui qui devait pourtant l’aimer et donc la respecter…). Notons que les manifestations somatiques ont disparu dans le mois après que la parole ait pu se frayer un chemin dans la mémoire traumatique.
Le point commun entre toutes ces expériences c’est que le corps semble « parler » à la place des mots, exprimant ce que l’esprit, lui, ne parvient pas toujours à verbaliser.
Pierre Janet (curieusement bien trop peu étudié en France et qui n’a rien a envier à Freud à mon avis), dès la fin du XIXe siècle, avait observé que les traumatismes non intégrés cherchaient toujours à s’exprimer d’une manière ou d’une autre.
Et lorsque l’esprit n’arrive pas à traiter un choc, c’est le corps qui en prend le relais.
Aujourd’hui, les neurosciences confirment ce que les cliniciens ont constaté depuis longtemps : un traumatisme non résolu reste inscrit dans certaines structures cérébrales, notamment l’amygdale et l’hippocampe, et peut maintenir l’organisme en état de stress chronique.
Cela signifie que même si la personne a « oublié » l’événement sur le plan conscient, son corps, lui, continue de réagir comme si le danger était toujours là.
Alors que faire avec tout cela me direz-vous? La première étape reste peut-être de changer notre regard collectif sur ces symptômes: plutôt que de les percevoir comme des dysfonctionnements du corps, il peut être utile de les considérer comme des messages, des signaux d’une souffrance qui demande à être entendue.
Alors clairement ce n’est pas une démarche facile car elle implique d’accepter que notre propre corps puisse être le miroir de ce que nous avons tenté de laisser derrière nous…
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