On aime bien cette phrase dans notre société, comme si la douleur était un professeur exigeant qui forge notre caractère…

Stop! C’est violent en fait ce qui se raconte en ce sens!

 

Car en réalité, tout ce qui ne nous tue pas peut aussi nous laisser brisés, fatigués, méfiants, etc. Survivre à une épreuve ne signifie pas en ressortir grandi, et parfois malheureusement on en sort juste plus abîmé.

Cette vision simpliste que je critique glorifie la souffrance comme un passage obligé vers la puissance, mais ce n’est pas la douleur qui nous renforce, c’est ce qu’on en fait.

Et encore faut-il en avoir les ressources!

 

Pire encore, cette phrase culpabilise celles et ceux qui souffrent durablement, comme si porter des cicatrices invisibles était un échec!!!

Quel manque d’empathie général! Non?

 

La plupart des traumatismes ne « forment » pas, désolé pour ceux qui s’accrochent à cette merveilleuse idée, non les traumatismes laissent des fissures profondes et souvent des conséquences handicapantes.

Un abandon, une relation toxique, une violence… Certains chocs ne nous endurcissent pas, ils nous épuisent à vie!

Il n’y a aucune faute de la volonté des victimes ici à pointer du doigt.

C’est souvent une grande loterie tant les facteurs de résilience sont multiples et indépendants de la victime elle-même… Si complexes que les réduire par exemple à une loi cosmique, aussi confortable que ce soit pour certains esprits, reste un affront à tant de victimes d’abus aux prises avec une multitude de conséquences et préjudices qui s’expriment au quotidien dans leur vie…

 

Reconnaître justement ses blessures et les handicaps créés par les traumatismes, s’autoriser à demander de l’aide sans sombrer dans les dérives sectaires, refuser d’être ce guerrier invincible qu’on attend de nous par confort sociétal ou familial, tout cela connecte à la réalité, souvent cruelle, qui ouvre une voie permettant de s’émanciper des illusions aliénantes.

Il me semble que grandir après une épreuve, ce n’est pas forcément « devenir plus fort », c’est avant tout apprendre à s’écouter autrement et à s’offrir la légitimité d’exister sans se raconter des histoires déshumanisantes.

 

J’adresse mes meilleures pensées à toutes celles et ceux en souffrance.

Vous n’êtes pas faibles.