Poser des limites: on n'y est pas préparé en fait !
Il me semble que beaucoup de personnes ont du mal à dire non, à affirmer leurs besoins, ou à se protéger des intrusions des autres et ce bien au-delà des cas où l’enfance a été marquée par des abus caractérisés.
Autrement dit il ne s’agit donc pas uniquement d’une conséquence d’un traumatisme évident ou d’une éducation toxique, mais plutôt d’un phénomène psycho-social qui s’ancre souvent dans certains premiers apprentissages sociaux et familiaux où les individualités n’ont pas été pleinement reconnue, où les dynamiques familiales apprennent me semble-t-il à faire passer les besoins des autres avant les siens.

Très jeunes, elles ont compris que leur rôle était de ne pas faire de vagues, d’être des enfants agréables, conciliants, accommodants. Pour être aimé, il fallait se conformer, éviter de froisser, faire plaisir.
Dans certaines familles il est même impensable de se prioriser soi-même. Ce n’est pas qu’on vous interdit explicitement de poser des limites, mais l’implicite est omniprésent: « on est une famille soudée, ici on s’entraide, on est toujours là les uns pour les autres »…
Derrière ces mots en apparence bienveillants, il me semble qu’il peut y avoir parfois ou souvent une injonction silencieuse à toujours être disponible, à ne jamais refuser une demande, sous peine d’être perçu comme égoïste ou ingrat.
Un homme d’une quarantaine d’années me disait ce weekend: « si je refuse un service à mon frère, on va me le reprocher pendant des mois. Alors je finis toujours par dire oui même quand ça me coûte… » Ce qu’il exprimait ici, c’est la difficulté à poser une limite quand on sait qu’elle ne sera pas respectée et qu’elle entraînera un sentiment de culpabilité intense… Sympa la famille!
J’ai constaté que cette difficulté à poser des limites dépasse largement le cadre familial: elle est aussi renforcée par la société elle-même. Dire non, exprimer un besoin, refuser une demande, ce n’est pas toujours bien vu par les autres en général. On valorise collectivement l’adaptabilité, l’altruisme, la gentillesse, mais rarement la capacité à dire stop.
Et pourtant, les victimes d’abus le savent, c’est dans leur travail thérapeutique l’une des priorités d’apprentissage que de sortir de la soumission au besoin de l’autre… De sortir du statut d’objet de l’autre, du »fais plaisir » et tu seras aimé(e)…
Je dirais même qu’il existe sans doute à l’inverse un apprentissage inconscient
sociétal faisant intérioriser que poser une limite revient à décevoir, blesser ou même abandonner l’autre... Paradoxe!

Dans les films ou livres ou autres éléments culturels la règle reste bien souvent que les familles où le collectif passe avant l’individu.
J’ai même entendu de nombreuses femmes m’exprimer ce sentiment d’être perçues comme « difficiles », « égoïstes », ou « froides » simplement parce qu’elles avaient osé poser une ou des limites. Dans un monde où le « care », le soin aux autres, est souvent attendu des femmes (rôle genré),
Mais les hommes ne sont pas en reste avec les construits sociaux et ils peuvent aussi ressentir une pression implicite à être toujours disponibles, serviables, protecteurs, quitte à s’oublier eux-mêmes dans certaines circonstances.
Or, on ne le répétera jamais assez, poser une limite ne signifie pas rejeter l’autre!
Et pourtant, même à l’âge adulte, l’une des plus grandes résistances à l’idée de poser une limite reste la peur d’être perçu(e) comme une personne dure, indifférente ou égoïste.
Pourtant, je crois profondément que dire non n’est pas un rejet, c’est une affirmation de soi. Nuance fondamentale.
Une limite claire n’a pas besoin d’être agressive, elle peut être posée avec bienveillance, mais elle doit être ferme (l’assertivité n’est pas enseignée à l’école…)
Si je devais résumer quelques principes structurants il me semble, je dirais que poser des limites n’est pas devenir dur(e), froid(e) ou insensible, ce n’est pas rejeter les autres ou vouloir les blesser et ce n’est pas être dans une posture de confrontation permanente.
C’est au contraire apprendre à se respecter soi-même autant que l’on respecte les autres, à se donner le droit d’exister en dehors des attentes des autres et à reconnaître que l’amour et le respect ne se mesurent pas à la quantité de sacrifices que l’on est prêt à faire…
Je dirais encore que poser une limite c’est simplement dire: « j’existe et mon espace compte autant que le tien »…
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