Il n'y a pas de prescription pour les victimes d'abus
Il n’y a pas de prescription pour les victimes d’abus : l’histoire ne se termine jamais vraiment.
J’ai eu un échange hier avec un individu qui critique la destructivité manifeste (alcool et autosabotage) d’une autre personne. Je souligne qu’il est connu que cette dernière a été abusée à l’enfance. L’autre me dit d’un ton catégorique : »bah il est temps qu’elle passe à autre chose, de l’eau a coulé sous les ponts depuis, non? ».
J’ai répondu »non ».
Car ce n’est pas une question de volonté.
Je le répète : ce n’est pas une question de volonté !
Beaucoup de personnes ayant subi des abus dans leur enfance portent en elles une souffrance qui ne se guérira jamais entièrement avec le temps. Et cela, même si elles semblent avoir «tourné la page» à l’extérieur.
Que ce soient par exemple (il y en a bien d’autres encore), des abandons, des violences physiques, de l’abus narcissique, des violences sexuelles, un climat incestuel ou incestueux, ou encore être témoin de violences conjugales, ces blessures profondes continuent de se manifester à travers les décennies. Il n’y a pas de répit.

Les conséquences sont multiples et variables selon les individus: une charge mentale épuisante qui ne cesse de s’accumuler, une hypervigilance constante où la peur d’être à nouveau blessé(e) se cache derrière les interactions, les troubles du sommeil deviennent souvent des compagnons inséparables, souvent des troubles sexuels, des comportements alimentaires désordonnés, des relations toxiques répétitives, de l’angoisse à revendre qui surgit dans les situations les plus quotidiennes, pour ne citer que quelques exemples…
L’esprit s’use, sans relâche, se débat avec ce passé qui ne s’efface pas.
La charge traumatique palpite. Et il n’y a pas d’interrupteur pour l’arrêter même si la personne le souhaite souvent de tout son être.
Ce que beaucoup de gens ne réalisent pas c’est que le traumatisme génère un blocage psychique.
Pour les anciennes victimes d’abus, le drame du passé existe encore ici et maintenant, à chaque instant.

Pour le dire autrement, oui une ancienne victime d’abus ne subit pas l’abus à l’instant présent, mais elle subit encore et encore chaque jour les conséquences symptomatiques et les préjudices multiples liés aux abus subis à l’enfance.
Ce n’est pas une question de « passer à autre chose », ni de « se remettre de ».
Ceux qui n’ont pas vécu cette souffrance ne comprennent souvent pas que le traumatisme n’est pas un simple souvenir. Il est présent, actif, à chaque pensée, chaque émotion, chaque interaction.
Et quand on parle de préjudices il faut bien imaginer tout ce que les abus d’enfance génèrent comme impossibles injustes pour l’adulte:
Imaginez-vous pouvoir être tranquille à Noël face à votre père abuseur comme si de rien n’était ?
Imaginez-vous que vous allez avoir une relation mère-fille de qualité quand votre mère vous a battu toute votre enfance ou qu’elle a déployée une emprise fusionnelle au point de vous empêcher d’exister?
Laissez-vous vos enfants (si vous en avez) en garde chez de tels grands-parents?
Êtes-vous l’esprit libre et festif aux anniversaires et autres fêtes symboliques?
Allez-vous chercher du réconfort chez eux comme la plupart des gens quand ils ont un pépin dans la vie ?…
Et je ne parle pas de toutes ces conséquences sociales professionnelles ou affectives sur le quotidien des personnes qui ont eu cette malchance de naître dans une famille abusive…

Parfois, certaines personnes n’ont plus la force de tenir ce masque social, se dévoilant dans toute leur fragilité, presque anéantie.
Et il y a alors des individus pour le leur reprocher, au titre qu’il y a de l’eau qui a coulé sous les ponts… 

Une personne importante pour moi m’a dit un jour : « Tu n’imagines pas ce qui se passe dans ma tête chaque jour, c’est la guerre. »
Ces mots restent gravés dans ma mémoire car ils m’ont permis de saisir l’ampleur du combat que tant de personnes mènent chaque jour en elles-mêmes et, malheureusement souvent aussi, bien malgré elles, contre elles-mêmes.
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