ESPRIT PSY

SOMMEIL et Rêves

Je vous propose ici un article permettant d’explorer plusieurs dimensions du sommeil et de certaines spécificités des rêves. 

Cet article est complémentaire de mon article sur l’interprétation des rêves que vous pourrez trouver ici ainsi que de ma vidéo qui explore la place du rêve dans les travaux de Freud que vous pourrez trouver ici:

 

 

I – Les cycles du sommeil

Le sommeil n’est pas linéaire et connaît des cycles qui durent en moyenne 90 minutes, chacun de ces cycles de sommeil alternant le sommeil lent-profond et le sommeil paradoxal.

1) Phase d’éveil calme

Au tout début l’endormissement (quand on ressent l’envie de se coucher et après lorsqu’on commence à s’endormir) on trouve la phase dite d’éveil calme avec ses signes caractéristiques comme les paupières lourdes ou les bâillements à répétition…

Au cours de cette phase la personne se trouve généralement éveillée et plus ou moins consciente tandis que ses pensées connaissent une certaine altération de la réalité jusqu’à sombrer dans le sommeil et la phase de sommeil lent (appelé aussi profond).

2) Le sommeil lent (profond)

Le sommeil lent s’appelle comme tel car les fonctions du corps y sont au ralenti (température du corps, respiration, rythme cardiaque, pression sanguine diminuent) et l’activité électrique du cerveau évolue en ondes très lentes (entre 0 et 5 hertz). La durée de cette phase d’un individu à l’autre dure entre 60 et 75 minutes.

3) Le sommeil paradoxal

Ce sommeil intervient donc après la phase de sommeil lent. Paradoxal car il y a une contradiction entre l’activité du cerveau et celle de l’organisme : le cerveau connaît alors un niveau de la fréquence des ondes proche de celle enregistrée pendant l’éveil mais à l’inverse on constate un relâchement très fort des muscles, en d’autres termes le cerveau semble très actif et le corps totalement endormi.

C’est au cours de cette phase de sommeil paradoxal que se produisent généralement les rêves (découverte du neurobiologiste français Michel Jouvet en 1961). Il semble que la conscience soit éteinte pour laisser place à l’expression de l’inconscient. Cette phase dure généralement entre 10 et 30 minutes.

4) Nouveau cycle

A la suite du premier sommeil paradoxal va arriver une nouvelle phase de sommeil lent puis une nouvelle de sommeil paradoxal pour former un certain nombre de cycle. On considère qu’en général une nuit compte 3 à 5 cycles sommeil lent / sommeil paradoxal sachant que ces cycles n’ont pas la même durée : au cours du premier cycle, la phase de sommeil lent sera la plus longue, celle de sommeil paradoxal la plus courte de la nuit. A chaque nouveau cycle il semble que le cycle de sommeil lent raccourcisse tandis que celui du sommeil paradoxal s’allonge.

  • → C’est pour cela qu’on dit souvent que les premières heures de sommeil comptent le plus car on considère que la phase de sommeil lent est la plus réparatrice (corps et le cerveau sont au repos) et que c’est dans les premiers cycles qu’elle dure le plus !
  • → En conséquence la durée des rêves s’accroît au cours de la nuit d’un cycle à l’autre, le tout premier rêve dure une dizaine de minutes environ, le second une vingtaine et les suivants une demi-heure.
  • → Si les rêves ne se mesurent pas, on peut mesurer les phases de sommeil grâce à un électroencéphalogramme. En enregistrant le sommeil, on observe les différentes phases d’un cycle. Cela donne des renseignements sur l’activité cérébrale pendant la nuit et donc sur les moments où l’on rêve.
  • → Malgré les connaissances accumulées sur le sommeil il reste beaucoup de chemin à parcourir aux scientifiques pour comprendre ou affirmer d’où vient cette succession de cycles, comment et où le rêve prend-il naissance dans le cerveau humain, le rôle des neurotransmetteurs, etc.
  •  
5) Le réveil

Le réveil interviendra généralement à la fin d’une phase de sommeil paradoxal.

Petits calculs  : comme la phase de sommeil paradoxal dure généralement 10 à 30 minutes par cycle et qu’il y a 3 à 5 cycles par nuit, on peut dire qu’une personne pourra rêver en moyenne 1 heure et 40 minutes dans sa nuit… Donc sur 80 ans une personne aura passé plus de 5 ans de sa vie à rêver et sans doute plus de 20 ans à dormir !

 

 

II – Réflexions sur le rêve

1) Savoir si quelqu’un rêve…

Soyons clair il n’y a pas d’examen scientifique qui permette d’affirmer à 100 % qu’une personne en phase de sommeil paradoxal soit en train de rêver. Mais les études montrent que si on réveille une personne pendant cette phase elle va dans 85% des cas annoncer qu’elle rêvait juste avant qu’on la réveille et pourra décrire son rêve (ceci n’est vrai que dans 10 à 15% des cas si on fait la même expérience lors de la phase de sommeil lent).

A noter que les études tendent à démontrer que les femmes rêvent ou se souviennent mieux de leurs rêves que les hommes : réveillées lors d’une phase de sommeil paradoxal, 95 % des femmes se souviennent de ce qu’elles étaient en train de rêver, contre 80 % des hommes. Il semblerait également que les femmes fassent plus de cauchemars que les hommes.

 
2) Le rêve éveillé

Certaines personnes ont pu déjà ressentir cette sensation bizarre d’être en train de rêver et de le savoir, d’avoir conscience d’être dans un rêve. C’est ce que les chercheurs appellent le rêve lucide.

Après vérifications les chercheurs ont pu valider que ces rêves éveillés duraient de 2 à 50 minutes et se produisaient dans la majorité des cas pendant la phase sommeil paradoxal.

Mais à ce jour ces chercheurs ne savent pas expliquer scientifiquement le rêve éveillé. Il semble juste qu’on sache que ce type de rêve soit particulièrement réaliste et riche en émotions et sensations. Le rêveur, dont les souvenirs du rêve seront précis, semble capable de raisonner dans son rêve et de prendre des décisions.

La théorie du rêve lucide ne fait toutefois pas du tout l’unanimité. Beaucoup de chercheurs considèrent que comme la conscience est mise hors-jeu durant la phase de sommeil paradoxal il n’est pas possible de rêver ET d’avoir conscience de le faire. Certains scientifiques estiment alors qu’il s’agirait plutôt d’une prolongation du rêves une fois réveillé, dans un demi-sommeil. D’autres considèrent qu’il s’agira d’un vague réveil nocturne, d’où la conscience d’être dans son lit et l’aspiration à nouveau vers le sommeil avec un mélange de la réalité et du rêve.

3) Le somnambulisme : un réveil incomplet

Le somnambulisme arrive généralement pendant la phase de sommeil lent, en début de nuit. Il s’agit d’un réveil incomplet.

Sans être conscient, le somnambule n’est donc pas non plus complètement endormi.

Même si les causes profondes restent à être définies, on sait que le problème se situe au niveau des ondes courtes enregistrées pendant le sommeil lent traduisant un dysfonctionnement du système thalamocortical qui n’organise plus l’atonie musculaire du sommeil de certaines phases… Il en résulte que là où les muscles devraient être relâchés, ceux du somnambule s’activent sans souci ! 

Et donc la personne peut bouger et marcher par exemple à certains moments de la nuit sur des périodes courtes allant d’1 à 30 minutes.

Beaucoup de somnambules sont assez agressifs pendant leur activité de somnambule, une agressivité inconsciente qui peut avoir des conséquences fâcheuses parfois pour lui ou les autres : utilisation d’objets coupants ou pointus, tenter de conduire une voiture, défenestration, etc.

4) Retenir ses rêves

Est-il possible au moins de pouvoir se souvenir des rêves, afin d’essayer de les comprendre ? Une seule solution donnée par les thérapeutes et les par les chercheurs: tenir un carnet de rêve.

Pour cela il faut disposer d’un calepin à côté de son lit et dès le réveil noter le contenu de son rêve en quelques mots clés puis ensuite revenir sur chaque mot clé pour donner les détails du rêves. Comme les souvenirs des rêves disparaissent vite de notre esprit après le réveil on dispose de seulement quelques minutes pour les consigner dans le carnet… Après c’est trop tard le rêve est perdu !

5) Le cauchemar

Le cauchemar reste un rêve désagréable qui peut avoir pour conséquence de réveiller brusquement le dormeur (souvent en sueur, avec des palpitations).

Il se déroule lui aussi pendant la phase de sommeil paradoxal

On suppose que ce malaise physique est en lien avec des tensions psychologiques (stress, angoisse, traumatisme…) qui s’expriment par ce biais. Mais on a pu constater que certains médicaments favorisaient les cauchemars, le sevrage alcoolique aussi, …

Le seul moyen de réduire ou se débarrasser des cauchemars récurrents reste de travailler sur leurs causes et là ce n’est pas une tâche aisée généralement (thérapie, deuil, sevrage, etc.).

6) les terreurs nocturnes

Les terreurs nocturnes sont différentes des cauchemars et sont considérées comme étant plus proches du somnambulisme, elles se produisent lors des phases de sommeil profond.

La terreur nocturne se déroule généralement durant les premières heures de la nuit, pendant une période de sommeil profond.

Par exemple un enfant se dresse en sueur sur son lit, crie, peut pleurer et s’agiter violemment.

A la différence du cauchemar, la personne est encore endormie, ne reconnaît pas son entourage et n’a pas conscience de ce qui lui arrive et ce qu’elle fait.

Il est préférable de ne pas réveiller le dormeur qui tomberait autrement dans une grande confusion d’autant que juste après la terreur nocturne, la personne se calme seule et reprend tranquillement le cours de sa nuit s’en s’être réveillée.

La terreur nocturne s’observe plus fréquemment chez les enfants que les adultes (chez 6% des enfants en âge préscolaire).

Elle peut être liée à un état de stress chez l’enfant (insécurité, divorce des parents, déménagement, violence familiale etc.).

Dans ma pratique j’ai également souvent pu constater l’existence des terreurs nocturnes chez mes patients présentant un état de stress post-traumatique.

7) Les rêves prémonitoires

Parfois le rêve d’un individu pourra s’avérer proche d’une situation qu’il vivra par la suite.

Beaucoup seront alors tentés de considérer a posteriori qu’ils ont eu un rêve prémonitoire et que leur rêve leur a permis d’entrevoir le futur… 

Aucune expérience scientifique n’a mis un tel phénomène en évidence ! La plupart des scientifiques voient la de simples coïncidences sans relation de causes à effet.

 

 

Il me reste encore à vous souhaiter à tous un bon sommeil et bien entendu de faire de beaux rêves!

A lire aussi dans ma série d’articles sur la soumission librement consentie:

Partie 1 – Soumission librement consentie: frontière entre manipulation et persuasion

Partie 2 – Techniques de manipulation psychosociale

Partie 3 – Couple : La question de la soumission librement consentie

Partie 4 – La manipulation dans la sexualité et le consentement éclairé

Partie 5 – L’individu au travail & la soumission librement consentie

Je vous propose aussi quelques articles et vidéos sur des sujets qui pourraient vous intéresser:

  1. Agressions sexuelles et harcèlement en France
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  3. La soumission à l’autorité – Quelques réflexions à la suite des conclusions de Milgram
  4. La valorisation du travail, une injustice sociale?
  5. Le conformisme (Psychologie Sociale)

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