L'emprise affective parentale, cet ''amour'' qui enferme l'enfant-adulte
Dans un travail d’écriture je réfléchis sur un chapitre portant sur l’emprise affective parentale, cet »amour » qui enferme au final l’enfant devenu adulte.
Un départ à notre pensée:
l’amour parental est censé être un socle, une base sécurisante qui permet à l’enfant de grandir, de s’épanouir, puis de s’émanciper en tant qu’adulte.
Ok.
Mais il arrive, et bien plus souvent qu’on ne le croit, que cet amour, au lieu de soutenir, enferme.
Et pas qu’un peu… Car un parent peut parfois (sans même en avoir conscience) maintenir un lien de dépendance affective avec son enfant, ce qui l’empêche d’exister pleinement par lui-même au final.
Je me suis aperçu, au fil des consultations, que cette emprise affective peut prendre plusieurs formes. Parfois elle est ouverte et visible à travers des phrases culpabilisantes du style « après tout ce que j’ai fait pour toi… » ou encore « si tu m’aimais vraiment, tu… », etc. Mais bien souvent, l’emprise affective est plus insidieuse, faite de regards lourds de reproches, de soupirs appuyés, d’une détresse affichée dès que l’enfant prend un peu de distance.
Combien de discours autour de Noël ou des vacances ai-je entendu sur ce thème… Combien de ruminations enclenchées sur les »devoirs » à accomplir pour ses parents, les appels téléphoniques subis, les messages auxquels on répond sans envie, etc…
Un exemple d’une jeune femme: »à chaque fois que je veux partir en vacances, ma mère me dit qu’elle ne va pas bien ou alors c’est là qu’elle m’annonce
qu’elle a besoin de moi pour l’aider sur un truc pile sur la période concernée! Si je pars je culpabilise et si je reste je suis en colère. »
Ce qui s’exprime ici à mon sens c’est le piège affectif invisible dans lequel elle est prise: un chantage émotionnel non dit mais omniprésent qui lui interdit de vivre pour elle-même…
J’ai l’impression que ce qui rend l’emprise affective parentale si difficile à détecter, c’est qu’elle se cache souvent derrière un discours d’amour: « je fais ça parce que je t’aime » ou « tu es la seule personne qui compte pour moi » ou « sans toi je ne suis rien », etc…
Ce que l’enfant adulte ressent dans ces cas-là n’est pas de l’amour libre (je suis obligé de rajouter à ce stade le mot ‘libre’ qui devrait pourtant être contenu dans le mot ‘amour’), mais une dette affective permanente, un lien qui l’empêche de prendre son indépendance sans éprouver une immense culpabilité.
Et c’est là où c’est douloureux de saisir que s’il manque cette dimension de liberté dans l’amour alors il ne s’agit pas d’amour justement .
Certains diront amour toxique. Mais il n’y a pas d’amour là où il y a du toxique. On n’aime pas à mi-temps. On n’est pas abuseur à mi-temps. On l’est ou on l’est pas! Parce qu’on abuse pas si on aime. Vous pouvez le tourner dans tous les sens…
Il m’apparaît que ces parents ont souvent une dépendance affective non résolue, projetant sur leur enfant un besoin de réassurance, d’attention et de présence inconditionnelle. L’enfant quant à lui ne peut jamais être pleinement lui-même sans risquer de blesser son parent. Il apprend alors à s’effacer par exemple, à sacrifier ses désirs, à prioriser le bien-être parental au détriment du sien, etc.
A l’extrême, cela peut donner: »depuis que je suis petite, ma mère me dit qu’elle n’a personne d’autre que moi. Alors, même adulte, je me sens obligée d’être là, tout le temps. Dès que je veux m’éloigner, vivre ma vie, elle se met à pleurer. J’ai l’impression d’être coincée. »
Nous parlons bien ici d’une prise d’otage affective où »l’amour » devient un poids, une responsabilité, un devoir… Le non-amour!
Pour commencer à s’en libérer, il me semble déjà important d’apprendre à poser des limites claires, mais aussi à apprendre à différencier l’amour et la culpabilité.
Rappelons bien ici que l’amour »sain » permet à l’enfant de s’éloigner sans se sentir coupable là où un »amour » toxique enferme, ou contrôle, ou culpabilise, ou empêche de respirer on pourrait dire…
S’autoriser à dire « je t’aime, mais j’ai aussi le droit de vivre ma vie ».
S’autoriser à dire « je peux être un bon enfant sans être disponible 24h/24 »!
Et puis s’autoriser à ne pas porter un parent sur ses épaules sans pour autant culpabiliser en mode réflexe appris malgré soi auprès du parent toxique justement…
Pour terminer, un pti instant zen avec ces mots qui devraient être incarnés comme une évidence par tout parent aimant :
l’amour n’est jamais une cage.
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En tout cas c'est sur cet axe que je vous propose cette réflexion.Tout particulièrement...

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