Le sentiment "d'être nul(le)"
Je vous propose une rapide réflexion sur un sentiment que je croise bien souvent. Si je pars de mon expérience quotidienne, je dirais qu’il y a de nombreuses personnes pleines de qualités, par exemple sensibles et bienveillantes, qui vivent pourtant avec une impression sourde et tenace d’être nulles.
Le terme »nul » peut apparaître choquant, car il l’est, mais c’est pourtant le terme entendu directement dans les discours que les personnes concernées effectuent à propos d’elles-mêmes. Et les facettes jugées si durement sont multiples: par exemple, nulles dans leurs décisions, nulles dans leurs relations, nulles dans leur façon d’exister, nulles dans leur personnalité, nulles dans leur carrière, etc.
Ce sentiment n’est par ailleurs pas toujours aussi explicitement exprimé pour d’autres personnes, il peut s’insinuer et saboter les élans dans de nombreux domaines. Par exemple, ce sentiment diffus pourra murmurer en soi, au moment de se lancer dans une expérience ou un projet « tu ne vas pas y arriver » ou « tu ne le mérites pas »!
C’est ce type de sentiment qui peut aussi diffuser à bas bruit quand quelqu’un vous félicite « s’il savait vraiment, il penserait autrement »… Et bien souvent je le perçois aussi dans les discours à l’endroit des réussites de la personne: « j’ai juste eu de la chance!”
Même si je suis bien conscient que permettre à une personne de sortir des schémas auto-agressifs prend du temps et souvent nécessite un chemin thérapeutique, j’aimerais proposer, dans ce billet, à celles et ceux qui vivent avec cette perception d’eux-mêmes, que ce sentiment n’est pas une preuve et que ce n’est pas un fait objectif non plus!
C’est une mémoire émotionnelle, une empreinte ancienne et je vous propose ici quelques éléments permettant d’explorer ma proposition.
Bien souvent, en creusant l’histoire d’une personne concernée, il apparaît que quelque part, à un moment de son histoire, quelque chose lui a laissé croire qu’elle n’était pas assez ci ou ça… Par exemple, suivant les contextes, pas assez performante, pas assez belle pour quelqu’un d’autre, pas assez gentille, pas assez conforme, etc.
Et là, à force de répétition au sein du système défaillant, cette idée a fini par s’imprimer dans l’esprit de la personne au point de définir la manière dont elle se perçoit…
Parfois, ce sentiment vient d’un parent qui ne regardait pas ou qui jugeait trop vite, parfois la source peut se trouver du côté d’un enseignant humiliant ou d’un environnement qui exigeait l’excellence en permanence, au point de faire croire que la moindre erreur signifiait la disqualification (au sens d’un échec global) de la personne…
Et puis d’autres fois le travail thérapeutique a permis de découvrir des causes plus diffuses il me semble, par exemple un climat familial dans lequel il ne fallait surtout pas déranger le parent dans ses activités, ne pas prendre trop de place avec ses ressentis, ou encore rester discret au quotidien dans l’idée même d’une présence. Il me semblerait justifié d’introduire ici l’idée de maltraitance émotionnelle, parce que cela permettrait de décoder le « je me sens nulle » en « je n’ai pas le droit d’exister pleinement »…
Je le redis, il faut du temps pour « désactiver » ces programmes intérieurs car, même adulte, même compétente et légitime, une personne pourra entendre inlassablement cette petite voix intérieure auto-agressive. Elle semble l’écho du fait de la peine de n’avoir pas été vu ou valorisé, l’écho des silences, des sarcasmes ou des abandons d’autrefois…
Pour envisager de dépasser cette voix auto-agressive, je propose souvent de la considérer comme un guide à entendre autrement, une sorte de fil qui peut relier à certaines défaillances des autres que l’on a subies à l’enfance. Cette voix peut en effet devenir un témoin qui peut aider à comprendre, à recontextualiser et elle peut donner envie à un moment de se consoler sur le chemin thérapeutique.
Le travail sur cette voix intérieure permet souvent de la faire taire grandement ou du moins de lui faire perdre en vigueur, et le mieux-être qui se dégage alors est ce que nous pouvons souhaiter à toutes les personnes concernées par ce type de schéma automatique.
Je vous propose ici quelques articles et vidéos sur des sujets qui pourraient vous intéresser:
- Agressions sexuelles et harcèlement en France
- Pourquoi sommes-nous influençables? – L’influence sociale
- La soumission à l’autorité – Quelques réflexions à la suite des conclusions de Milgram
- La valorisation du travail, une injustice sociale?
- Le conformisme (Psychologie Sociale)
- Familles incestuelles (Emprise, intrusions & abus narcissiques): INCESTE MORAL
- Conséquences du climat familial incestuel: Inceste moral et traumatismes subis
- Narcissisme et personnalité narcissique toxique
- PERVERS NARCISSIQUE (profil et mécanismes)
- ÊTRE NORMAL, C’EST QUOI ? PATHOLOGIQUE vs NORMALITÉ
- Philo/Psycho – S’abrutir l’esprit malgré soi: divertissement vs temps de loisir
Tous droits réservés – © William Milliat / Esprit Psy

Cette phrase, croisée sous différentes formes sur les réseaux sociaux, m'a paru intéressante:
"Quand vous décidez d'ignorer ceux qui vous blessent, vous enlevez une grande partie de leur pouvoir."Sur le papier, cela semble libérateur.
Mais dans la réalité psychique des personnes blessées, cette "stratégie" peut parfois s’avérer bien plus limitée...

Cette phrase que j'ai croisée sur les réseaux sociaux, "tu ne peux pas coller des ailes sur une chenille et appeler ça un papillon. Le changement doit venir de l’intérieur", nous propose une jolie métaphore pour illustrer le travail thérapeutique il me semble.
En tout cas c'est sur cet axe que je vous propose cette réflexion.Tout particulièrement...

Je vous propose une rapide réflexion sur un sentiment que je croise bien souvent. Si je pars de mon expérience quotidienne, je dirais qu'il y a de nombreuses personnes pleines de qualités, par exemple sensibles et bienveillantes, qui vivent pourtant avec une impression sourde et tenace d’être nulles.
Le terme ''nul'' peut apparaître choquant, car il...

Partons de ce petit texte, largement diffusé sur les réseaux et qui met en avant une posture protectrice face à la maltraitance relationnelle:
"Si quelqu'un te traite mal, souviens-toi juste qu'il y a quelque chose qui ne va pas chez cette personne, et non chez toi. Les gens normaux ne cherchent pas à détruire les autres."Quand on ce texte on peut...

Les études en psychologie ne sont pas que l'étude des comportements ou de la psychopathologie par exemple. On y étudie également, surtout pendant les années de Licence, les statistiques.
Cela permet entre autres, si l'on s'intéresse à la matière, de retenir que quand la science dit "peut-être", il n'y a jamais à entendre "c’est sûr"…
Car autrement cela...
No posts found