Quand vous décidez d'ignorer ceux qui vous blessent, vous enlevez une grande partie de leur pouvoir ?
Cette phrase, croisée sous différentes formes sur les réseaux sociaux, m’a paru intéressante:
« Quand vous décidez d’ignorer ceux qui vous blessent, vous enlevez une grande partie de leur pouvoir. »
Sur le papier, cela semble libérateur.
Mais dans la réalité psychique des personnes blessées, cette « stratégie » peut parfois s’avérer bien plus limitée qu’elle n’en a l’air.
Peut-être faut-il y voir des degrés, même si la phrase est lancée à tous et toutes comme une vérité…
Au degré initial, il me semble que cette phrase peut fonctionner quand on est finalement peu attaché à la personne qui nous blesse. Il semble alors assez facile pour la plupart des gens de « passer à autre chose » pour reprendre cette expression que j’entends souvent. Cela peut-être le cas dans les relations de travail, dans le cercle d’amitié ou dans une relation plus intime si elle s’avère peu impliquante pour l’individu.
Et ensuite, un autre degré peut apparaître, je parle ici des relations plus impliquantes émotionnellement, par exemple les relations avec sa famille ou une relation avec un conjoint où l’on s’est émotionnellement impliqué(e).
« Ignorer » peut être compris comme un mécanisme de défense, que j’encourage d’ailleurs souvent pour mes patients s’ils ressentent que cela pourrait leur apporter un mieux être émotionnel, notamment face à des figures violentes ou non respectueuses. Mettre à distance, c’est pour beaucoup une manière de reprendre un peu de pouvoir dans une relation déséquilibrante, de souffler, de se mettre à l’abri de l’autre, etc.
Mais il serait ambitieux de penser que « décider d’ignorer » suffit à enlever le pouvoir psychique que ces personnes ont pu exercer où exercent encore. Car leur emprise ne réside pas tant dans leur présence actuelle que dans les traces qu’elles laissent à l’intérieur de soi.
Ignorer quelqu’un en sortant de son cercle d’influence et d’interaction est souvent un point d’ancrage pour mettre une limite, se légitimer et bien entendu se protéger, mais cela ne supprime pas pour autant les blessures, les symptômes post-traumatiques, les préjudices, etc.
C’est là où la phrase »…une grande partie de leur pouvoir. » est teintée d’amertume pour de nombreuses personnes qui ont fait l’expérience de relations toxiques ou abusives: ne plus voir l’autre ou l’ignorer lui enlève une partie de son pouvoir de nuisance mais souvent il y a une phase plus ou moins longue où la posture d’ignorer l’autre empêche de dire sa colère, de poser des mots sur l’injustice subie, et donc de véritablement se libérer de cet autre.
C’est toute l’injustice d’avoir vécu des abus ou subi la toxicité d’une personne: s’en éloigner est une étape importante et souvent nécessaire, mais c’est un long chemin complémentaire que d’arriver à s’en détacher émotionnellement, et, quand c’est possible, de finalement réduire cette personne à presque une non-présence en soi (deuil finalisé ?).
Pour conclure ce petit moment de réflexion, je propose de concevoir plutôt la phrase du jour comme une invitation à se protéger de l’autre en sortant de son influence, en se distanciant émotionnellement et/ou physiquement de lui. Mais c’est là où le mot ignorer ne doit pas être une injonction au déni de l’autre, car bien souvent il va falloir du temps pour entreprendre ce long travail intérieur de libération, de compréhension et de digestion des conséquences et préjudices que l’on peut identifier une fois en dehors d’une relation de laquelle on s’est échappée.
En séance il y a souvent cette configuration où une personne peut frémir à l’idée d’explorer ou simplement de parler d’une personne toxique (généralement un membre de la famille d’enfance). « Je l’ai sorti de ma vie, ça n’est pas pour lui redonner du pouvoir ici ».
La force avec laquelle cela peut parfois être exprimé semble montrer que l’émotion attachée reste malheureusement puissante et douloureuse.
« Ignorer » versus « dénier », la réflexion autour de ces deux mots peut vraiment aider à avancer sur un chemin de libération.
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Cette phrase, croisée sous différentes formes sur les réseaux sociaux, m'a paru intéressante:
"Quand vous décidez d'ignorer ceux qui vous blessent, vous enlevez une grande partie de leur pouvoir."Sur le papier, cela semble libérateur.
Mais dans la réalité psychique des personnes blessées, cette "stratégie" peut parfois s’avérer bien plus limitée...

Cette phrase que j'ai croisée sur les réseaux sociaux, "tu ne peux pas coller des ailes sur une chenille et appeler ça un papillon. Le changement doit venir de l’intérieur", nous propose une jolie métaphore pour illustrer le travail thérapeutique il me semble.
En tout cas c'est sur cet axe que je vous propose cette réflexion.Tout particulièrement...

Je vous propose une rapide réflexion sur un sentiment que je croise bien souvent. Si je pars de mon expérience quotidienne, je dirais qu'il y a de nombreuses personnes pleines de qualités, par exemple sensibles et bienveillantes, qui vivent pourtant avec une impression sourde et tenace d’être nulles.
Le terme ''nul'' peut apparaître choquant, car il...

Partons de ce petit texte, largement diffusé sur les réseaux et qui met en avant une posture protectrice face à la maltraitance relationnelle:
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Les études en psychologie ne sont pas que l'étude des comportements ou de la psychopathologie par exemple. On y étudie également, surtout pendant les années de Licence, les statistiques.
Cela permet entre autres, si l'on s'intéresse à la matière, de retenir que quand la science dit "peut-être", il n'y a jamais à entendre "c’est sûr"…
Car autrement cela...
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